5 Novembre 1990, les preuves
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Part. III
Région de Soissons (Aisne): plus les témoins sont éloignés, plus ils voient ça gros !
A une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Reims, la région de Soissons nous offre quelques cas dont la comparaison est intéressante. Ils ont fait l'objet d'enquêtes sur place, les 4 avril, ler mai et 12 septembre 1992, par Gilles Garreau et Christian Jay. Tout d'abord, à Braine (15 km à l'est-sud-est de Soissons, sur la N 31 Soissons-Reims), nous trouvons une observation dont la date n'est pas absolument certaine: dix-sept mois après les faits, l'unique témoin connu de nous, Mme M, ne l'avait plus en tête. On peut cependant estimer qu'il s'agissait très probablement du 5 novembre, puisque c'était « le jour où tout le monde en a vu ». Comme, de plus, l'incident s'est produit un lundi, on peut considérer le risque d'erreur de date comme absolument minime. Vers 19 h, mais plutôt avant, Mme M sortit de chez elle pour déposer sa poubelle au coin de la rue, comme chaque lundi. Redressant la tête, elle remarqua un ensemble de lumières qui semblaient passer juste au-dessus d'elle pour se diriger vers Reims, à l'est. La rue était déserte, et Mme M ne trouva personne avec qui partager le spectacle. Emue par la taille de ce qu'elle voyait, elle imagina pourtant que ces lumières d'un jaune beige, passant apparemment très bas au-dessus des habitations, étaient celles d'un hélicoptère. Elle ne perçut aucun bruit, mais il est vrai qu'elle est sourde d'une oreille. Ce qu'elle vit est un groupe d'une dizaine de points lumineux « disposés en croix et formant un ensemble triangulaire » (sic) avançant pointe en avant, mais sans aucun bord, sans aucune limite matérielle d'un éventuel support des points lumineux. La lumière la plus en arrière était plus grosse que les autres, ressemblait à un phare blanc, et paraissait projeter un faisceau lumineux vers le sol. L'ensemble se déplaçait lentement, mais disparut à la vue du témoin au bout d'une dizaine de secondes, caché par un immeuble de quatre étages situé à une centaine de mètres. Celui-ci est hérissé de plusieurs cheminées en terrasse, et l'objet « passa entre deux cheminées ».
La flèche indique les cheminées sur le toit de l'immeuble
Cette mention d'un passage entre deux cheminées de l'immeuble indique que les dimensions apparentes du phénomène n'étaient pas vraiment gigantesques, contrairement à des dizaines d'observations faites au même instant. On peut imaginer, si l'incident s'est bien déroulé le 5 novembre 90, que cette dame a bel et bien assisté à la rentrée atmosphérique de l'étage de fusée soviétique. Un seul détail permet d'en douter: c'est la phrase qui dit que l'ensemble de lumières semble passer juste au- dessus du témoin. Braine se situe à environ 175 km de la projection au sol de la trajectoire « théorique » de rentrée. C'est beaucoup, pour un passage que le témoin décrit comme étant juste au-dessus de lui. Si l'on admet que l'engin soviétique (ou ce qui en restait) se trouvait à une altitude voisine de 90 km, le croquis qui suit montre que l'engin soviétique, en admettant qu'il fût visible, serait apparu, à Braine, à 27 degrés au-dessus de l'horizon. Quelles que puissent être les ressources insoupçonnées de la psychologie de la perception, on a peine à imaginer que cette personne soit capable de décrire un passage à 27° sur l'horizon en des termes qui expriment un passage au zénith. Nous avons donc, à Braine, un bel exemple de témoignage comportant des éléments qui vont dans un sens, et d'autres en sens inverse. C'est le cas de beaucoup de descriptions faites ce soir-là. Ils ne permettent pas de conclure, mais ne sont pas pour autant à négliger: c'est l'ensemble, nous allons le voir, qui permet de conclure.
Eloignons-nous, d'une dizaine de kilomètres, de la trajectoire censée être celle de l'engin soviétique. A la limite sud de Soissons, nous trouvons deux témoignages: l'un à Courmelles, dans le quartier Saint-Félix, et l'autre tout proche, à Soissons même. A Saint-Félix, M. Francis Jaujon, son épouse et leurs trois enfants sortent de chez des parents. C'est alors qu'ils voient « la chose » traverser le ciel en direction du nord-est. Elle leur paraît très proche, et pour cette raison, ils disent spontanément que c'est passé au-dessus d'eux. En fait, ils précisent que c'est passé « au-dessus de la maison du voisin ». Il ne faut certainement pas entendre par là que ce soit passé à la verticale de cette maison. Chacun le comprendra: cela signifie seulement que c'était visible au-dessus du toit de la maison, mais probablement beaucoup plus loin, à une distance qui reste indéterminée. Les témoins décrivent une grande masse noire, triangulaire, avec aux angles de très fortes lumières jaunes, tandis que la masse était émaillée de lumières « normales », clignotantes, comme crachant des flammes. L'arrière se poursuivait par une traînée horizontale, comparable à « un brûleur dont l'extrémité était floue, comme une flamme jaune-orange ». L'ensemble paraissait énorme: les témoins, interrogés le 12 septembre 92, écartaient les bras d'environ 30° pour représenter l'angle de vision. La chose se déplaçait doucement, sans aucun bruit perceptible. La durée totale de l'observation est estimée (mais vingt-deux mois après l'incident) à au moins 5 minutes. Les témoins de Saint-Félix n'ont pas cru une seule seconde à l'explication par la fusée russe.
A un kilomètre de la famille Jaujon, M. LR, sous-brigadier de police au commissariat de Soissons, sort de la ville par la route de Château-Thierry, et il est sur le point d'arriver à son domicile, lorsqu'il remarque, vers 19 h, un peu sur sa gauche, plein sud, « quatre ou cinq » points lumineux dans le ciel. Un instant, il imagine qu'il s'agit d'hélicoptères... Parvenu à destination, il a le temps de rentrer sa voiture au garage, puis en ressort et constate qu'il ne s'agit pas de points lumineux, mais d'une « masse opaque », comme « une toile » qui glisse dans un silence total en direction du nord-est, masse constellée de dizaines de points blanc-jaune brillants comme des étoiles. LR reste immobile pour contempler cette apparition qui se déplace lentement, jusqu'à disparaître derrière une colline au nord-est de Soissons. (La durée de l'observation est estimée à « plusieurs minutes »). LR appelle son voisin, mais celui-ci n'entend pas... Il appelle aussi sa femme et son fils: « Venez voir ! une soucoupe volante ! ». Mais ils ne sortent pas non plus. Il songe à utiliser une caméra vidéo récemment achetée, mais elle se trouve encore dans son emballage. « En quinze ans de carrière, je n'ai jamais rien vu de pareil. C'était bien plus grand qu'un terrain de football » dit LR. La hauteur maximale au-dessus de l'horizon a été évaluée (le 12 septembre 92) aux environs de 37°. Ce chiffre est trop peu différent des quelque 26° de la trajectoire « théorique », vue de Soissons, pour permettre une quelconque conclusion. Bien que décrite comme « une masse opaque », la chose ne présentait ni structures, ni bords apparents, sauf vers la fin: alors, le témoin pense avoir discerné les contours de l'objet. Pendant le déplacement, un projecteur très puissant, disposé sur le côté (tiens... comme au moulin de Verzenay !) éclairait vers le bas et vers l'arrière.
Considérés isolément, les deux exemples que nous venons de voir, tout comme celui de Braine, ne mettent guère en péril la thèse officielle: les indications d'azimut, de hauteur angulaire et de taille apparente sont trop peu précises, et les différences entre les descriptions, bien que frappantes, ne permettent pas de conclure. Mais le cas que voici restitue le problème dans toute sa complexité. Il a tout d'abord été évoqué dans le journal l'Union du 7 novembre, puis Gilles Garreau et Christian Jay ont rencontré le témoin, M. Jacques Katz, le 1er mai 1992, à Soissons. Il leur a confié son expérience: Ce soir-là, à 18 h 55, M. Katz, commerçant à Soissons, était à l'arrêt, dans sa voiture, à l'extrémité d'une rangée de places de parking, tout à-côté de la cathédrale, en plein centre de la ville, place Fernand Marquigny. Son regard était tourné vers le sud, mais son champ de vision dans cette direction était limité par l'imposante masse d'un marché couvert.
Le marché couvert, photographié vers l'est-sud-est. Le témoin avait garé sa voiture sous les arbres qu'on voit à gauche, à la limite de la photo. Photo de droite : M. Katz.
Un mouvement dans le ciel lui fit lever les yeux, et il découvrit « un grand rectangle », dont l'arrière venait juste de lui apparaître au-dessus d'un groupe de maisons à sa droite, rue des Chaperons Rouges, et dont l'avant lui était déjà caché par un groupe d'immeubles bordant la rue principale, à l'est. Ainsi, des lumières disparaissaient à l'est-nord-est, tandis que d'autres continuaient à apparaître, venant de l'ouest-sud-ouest. L'article de l'Union précise que le témoin ouvrit la vitre de sa portière pour mieux détailler quelque chose qui occupait « tout l'espace du ciel ». (L'expression figure en italique et entre guillemets dans le journal). M. Katz suivit des yeux le phénomène pendant 60 à 90 secondes, jusqu'à sa disparition au nord-est, « en direction de Bucy ». Il décida alors de tenter de le suivre en voiture, mais le tracé des rues et la circulation l'en empêchèrent. Lors de l'observation, le témoin a remarqué de grosses lumières rouges (non éclairantes) sur les côtés du rectangle, et au centre, une lumière intense, blanc-orangé (selon le journal), une sorte de « réacteur » central crachant des flammes: cela donnait l'impression d'être en feu. A l'arrière, deux flammes très claires. Tout cela semblait n'être qu'à une centaine de mètres du sol, et survoler le marché couvert (ce que confirme un dessin réalisé par M. Katz sur une feuille de format A3, dessin qui a été utilisé pour la réalisation du schéma ci-dessous).
Plan réalisé d'après un croquis de M. Katz, qui indique le passage du phénomène à la verticale du marché couvert.
L'angle sous lequel le phénomène a été observé (plus de 90°) est manifestement en contradiction avec l'explication officielle des événements du 5 novembre. Il est évident que jamais la rentrée de l'engin soviétique (à quelque 26° sur l'horizon, rappelons-le, et à 200 km de distance réelle), n'aurait pu apparaître comme le passage d'un rectangle de 200 à 400 m de longueur estimée, et 100 à 300 m de largeur estimée (par le témoin), à 100 m du sol, juste au-dessus du marché couvert. Il est difficile, également, d'imaginer que cette chose gigantesque, fort bien décrite par M. Katz, soit la même que l'habitante de Braine a vue disparaître entre deux minuscules cheminées d'un toit, à plus de 100 m de distance. Et pourtant, ce qui est apparu à M. Katz suivait une trajectoire parallèle à celle de la rentrée atmosphérique. Parallèle, également, à la trajectoire indiquée au même moment par XH qui, lui aussi, voyait cela emplir tout son champ visuel, mais à Sauzet, à près de 600 km de Soissons... Tout cela, décidément, est bien déroutant !
Nous n'en avons pas fini avec les mystères du 5 novembre, les invraisemblances en tous genres et les « explications » qui n'expliquent rien mais ajoutent à la confusion générale. Nous poursuivrons l'examen des faits dans notre prochain numéro.
Joël Mesnard
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Révision : 07 mai 2003